HADÈS Archéologie

Rue Felix Soulés (Ville Haute)

Nos métiers Production scientifique Opérations Rue Felix Soulés (Ville Haute)

Fiche

  • Responsable : Nicole GANGLOFF
  • Période de fouille : 1997
  • Localité : Éauze (Gers)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : MIDI

Résumé

La ville d’Eauze (Gers) devant réaliser des travaux de réfection de réseaux (eau, assainissement et téléphone) dans la rue Félix Soulès (ville haute), un suivi archéologique a été confié au bureau d’études archéologiques HADÈS.

La moisson d’informations livrée par cette intervention, et en dépit de son caractère lacunaire, est considérable même si la plupart des structures mises au jour posent finalement plus de questions qu’elles n’en résolvent.

À défaut d’installations antiques, c’est un quartier d’Eauze médiévale avec ses constructions, son activité artisanale, son cimetière, que cette opération a permis d’entrevoir. On peut affirmer que ces aménagements, qui nous sont tous parvenus arasés, quelquefois incendiés (en particulier l’intérieur d’un bâtiment à l’extrémité nord de la rue Soulès), sont antérieurs à la mise en place de la rue, au XVe s. Ces arasements témoignent de la création à cette époque d’un axe de communication lié au rempart. On implante cette rue nouvelle sur un quartier ayant servi jusque-là de nécropole et de centre résidentiel que l’on détruit volontairement afin de remodeler le paysage urbain et stratégique de cette zone.

Dans ce contexte qu’en est-il du rempart du XIIIe s., toujours mentionné mais jamais véritablement attesté ? Il faut se rendre à l’évidence : l’intervention n’a livré aucun indice d’une infrastructure défensive antérieure au XVe s. À cette absence, nous ne voyons que deux explications possibles : ou bien ce rempart n’existe pas, bien que la topographie ancienne d’Eauze et le tracé de certaines rues à l’intérieur de l’enceinte du XVe s. tendent à prouver le contraire, ou bien il est à chercher sous l’actuel rempart qui pourrait en constituer une reprise.

Il semble que les limites de la cité médiévale soient données au sud par l’emplacement à l’air libre d’un four et d’une fosse, retrouvés à mi-hauteur de la rue Soulès, au-delà desquels plus aucune implantation médiévale n’apparaît, à l’exception d’une chaussée dont l’époque de création nous est inconnue. La rue Soulès ne serait donc que partiellement une création du XVe s., le sud de la rue constituant déjà un niveau de circulation à la fin du Moyen Âge.

Nous ignorons à quel moment ont été édifiés les édifices médiévaux et ce qu’il en est des relations entre le cimetière et les bâtiments. En effet, nous manquons d’éléments pour pouvoir préciser si la nécropole du XIe s., qui s’étend rapidement vers le sud au cours des époques ultérieures, s’implante sur l’abandon de ces édifices auxquels un certain nombre de tombes sont postérieures.

À partir du XVe s., l’archéologie atteste bien d’un élargissement du périmètre urbain : des constructions, le château comtal, le rempart, s’étendent au sud. Les structures médiévales qui barrent la rue en remontant vers le nord sont rasées pour la mise en place de la chaussée. La petite dépression dans laquelle est construite la chaussée médiévale est comblée et on amène un remblai destiné à rehausser le niveau de circulation et à réaménager la pente.

Enfin, un des mérites de l’intervention aura été de situer définitivement, bien que modestement, les vestiges de la Citadelle dans l’angle est de la rue Soulès, en partie sous la ruelle qui en conserve le souvenir toponymique et dont la fouille a révélé qu’elle est postérieure au nivellement du château en 1626.

Le XVIe s. verra se propager au nord de la rue un important incendie, fatalité des constructions en bois et occasionné peut être par les désordres des Guerres de Religion, amenant dans la rue Soulès la destruction d’un certain nombre de maisons à couverts et l’aménagement d’une nouvelle chaussée.

Nicole GANGLOFF