HADÈS Archéologie

Rue d’Aquitaine

Fiche

Résumé

Le site de la rue d’Aquitaine se trouve sur le territoire de Pons, commune située dans la partie méridionale du département de la Charente-Maritime. La zone d’aménagement se situe en périphérie nord de la ville, sur une parcelle ayant déjà fait l’objet d’aménagements urbains. Un immeuble dit des « Rapatriés » y a été construit à la fin des années 1960 (fig. 1). Il a été démoli afin de reconstruire de nouveaux logements individuels et collectifs, projet conduit par l’aménageur Habitat 17. Préalablement à ces travaux, un diagnostic, réalisé à la fin de l’année 2011, sur une surface de 5 266 m² a révélé la présence de vestiges archéologiques structurés dans la partie sud-ouest et datés de la fin du second âge du Fer. Une prescription de fouille archéologique a donc été émise sur une surface de 1 020 m².

La ville actuelle de Pons recouvre un ancien site fortifié laténien, connu dès la fin du XIXe siècle et considéré comme la capitale de la cité gauloise des Santons. Il a fait l’objet d’observations ponctuelles et d’opérations de sauvetage urgent lors de travaux d’aménagement dans les années 1960 à 1980, puis très récemment de deux fouilles préventives menées par l’Inrap (2008, 2009). Situé sur un plateau d’interfluve, cet oppidum est bordé par la Soute et la Seugne, son confluent. Il occupe un éperon triangulaire de 100 ha (fig. 2) délimité par une forte déclivité à l’ouest et par un cordon de falaises au sud. Au nord, sur son troisième côté, il est barré par une fortification d’environ 1 200 m de long. Les fouilles préventives récentes ont permis de préciser l’architecture de cette dernière. Trois états de construction ont été déterminés et datés précisément grâce au mobilier : deux états successifs de rempart à poutrage interne et parements en pierres calcaire attribués à la fin du IIe et au début du Ier siècle av .-C., rehaussés d’un talus massif en terre bordé d’un large fossé extérieur vers le troisième quart du Ier siècle av. J.-C. D’après une dizaine de découvertes fortuites, la surface de la zone d’habitat a été estimée à environ huit hectares (fig. 2).

La fouille menée rue d’Aquitaine à la fin de l’année 2013 est la première opération d’archéologie préventive sur le secteur de l’habitat de l’oppidum. L’objectif scientifique principal était de caractériser le type d’occupation par l’étude des structures et du mobilier, puis de la replacer dans le contexte local et régional.

Plusieurs niveaux de sol fortement anthropisés (fig. 3), trois fosses profondes ayant pu servir de puisard, deux possibles silos et quatre fossés orthonormés constituent les principales structures de cette occupation à caractère exclusivement domestique. Les faciès céramique et amphorique (gréco-italiques et Dressel 1A ; fig. 4), la parure métallique (fibules de Nauheim ; fig. 5) et les monnaies (fig. 6) fournissent une fourchette chronologique d’un peu plus d’un demi-siècle, centrée sur la période de La Tène D1 (150-80 av. J.-C.). Cependant, la céramique et les amphores permettraient de remonter la chronologie de l’occupation à La Tène C2 (200-150 av. J.-C.).

Malgré quelques éléments intrusifs, le mobilier mis au jour à Pons ne fournit pas d’éléments de datation postérieurs au début du Ier siècle av. J.-C. La comparaison du mobilier, notamment les amphores, avec celui du site fortifié de Vil Mortagne (situé à 25 km au sud-ouest de Pons) laisse supposer qu’ils ont été contemporains sur une courte période : le site de Mortagne-sur-Gironde aurait pris son essor au moment où Pons semble peu à peu abandonné, soit au cours du Ier siècle av. J.-C.

Julien COUSTEAUX