HADÈS Archéologie

Place des Salines

Fiche

Résumé

Dans le cadre de l’étude préalable pour la réfection de la toiture et des murs de la Maison du Grand Puits, le Service Régional de l’Archéologie de Franche‑Comté a prescrit une étude archéo‑architecturale des maçonneries du monument. L’offre scientifique et technique proposée que la société Hadès a été retenue au cœur de l’étude préalable du cabinet de Monsieur Paul Barnoud, architecte en chef des monuments historiques.

L’opération a consisté à l’examen des parements nus après curetage des cloisons et autres masques, puis par un piquetage vérificatif. Ce dernier s’est appuyé sur des descriptions consultées par le Service de l’Inventaire ainsi que sur deux gravures de 1544 et de 1668, un tableau de 1668 et cinq plans du rez‑de‑chaussée. Ces derniers s’étalonnent de 1718 à 1841, ce qui a permis d’identifier la quasi totalité des aménagements des époques moderne et contemporaine.

Les résultats établis refondent de manière importante l’histoire ancienne du monument jusque‑là envisagée. La construction de la Maison du Grand Puits ne s’avère plus construite vers le XIIIe siècle mais postérieurement. Les indices collectés témoignent toutefois de l’existence d’un bâti contemporain du Grand Puits sous‑jacent, daté au moins début du XIIe siècle. Cette étape constructive fugace semble laisser sa place à une deuxième construction qui se révèle être exclusivement cantonnée aux sous‑sols. Celle‑ci n’est pas datée, seulement inscrite dans un large intervalle, compris entre le XIIe siècle et la fin du XIVe siècle. S’agirait‑il du monument du XIIIe siècle pressenti par les historiens ? À ce jour, les indices restent trop peu nombreux, sans curetage intégral des enduits muraux de 1956. Après cette phase, les élévations sont érigées de façon homogène. Seul un désordre dans la façade occidentale n’est pas expliqué. Dans l’ensemble, la construction est constituée de moellons soigneusement équarris de petite et de moyenne tailles. Le liant est par ailleurs identique du rez‑de‑chaussée (Niveau 1) aux amorces du colombier (Niveau 3). Le parement est parsemé de structures, notamment des ouvertures. Celles‑ci sont au nombre de 24 fenêtres et trois portes, toutes attribuables à l’état originel. Pour les jours, quatre baies à meneau et croisillons sont repérées, dont trois avec un coussiège interne. C’est notamment la modénature de ces dernières qui permettent d’apprécier la chronologie des élévations, mais pas seulement. D’autres indices comme la présence de deux placards chanfreinés, dont l’un à sculpture bilobée, ainsi que les quatre cheminées appréhendent la datation des vestiges. Ceux‑ci semblent s’articuler entre le milieu du XIVe et le milieu du XVe siècle. D’après les sources, cet intervalle trouve plusieurs corrélations avec des dates de travaux ou d’événements historiques, soit une construction possible entre 1376 et 1423. Ces attributions chronologiques restent cependant à confirmer puisque toutes les maçonneries recèlent encore de grandes surfaces d’enduit, datées de 1956. Jusqu’en 1740, le bâtiment ne semble subir aucun aménagement profond, comme le conforte l’analyse des parements mais surtout les sources, qu’elles soient iconographiques ou textuelles. Ce n’est qu’à l’Époque moderne et plus particulièrement en 1740 que les modifications les plus importantes interviennent. La cage d’escalier est transformée et, avec elle, une multitude de percements sont réalisés intra muros. L’évolution interne du bâtiment devient en constante mutation comme l’attestent les plans de 1740, 1756 et 1786‑1793. Ce phénomène prend une certaine ampleur notamment en 1750, à l’installation du système de pompage. À l’époque contemporaine, la transformation du bâtiment continu par l’installation vers 1845‑1847 de l’Annexe qui contraint à la démolition d’un avant‑corps flanqué. Les aménagements les plus importants appartiennent cependant à l’installation du casino en 1956. Dès lors le béton se généralise pour toutes les structures et deux dalles sont coulées. des chaînages sont ancrés dans toutes les maçonneries, engendrant autant de pertes de données. L’incendie de 2009 stoppe brutalement l’histoire architecturale du monument.

Au terme de l’opération, les résultats acquis permettent d’appréhender l’histoire générale du bâtiment, notamment aux questions premières, techniques et scientifiques, abordées dans le cahier des charges. Certaines réflexions restent cependant en suspend en raison de la nature de l’étude. Un curetage généralisé des enduits de 1956 permettrait de conforter ou d’infirmer ces interprétations par la découverte d’autres indices. Cependant, la prescription de l’étude démontre au vu des résultats, encore une fois, l’intérêt et la nécessité de la démarche.

Stéphane GUYOT