Fiche

Résumé

La fouille d’une fenêtre longitudinale de 1,1 ha a été prescrite en amont de l’aménagement de la rocade nord de Marmande, au lieu dit « Picard nord ». Elle a permis la mise au jour d’un établissement rural occupé depuis le début du Ier siècle de notre ère jusqu’au Ve siècle, selon trois grandes phases d’occupation.

Un bâtiment sur poteaux plantés présentant un plan à pans coupés à deux nefs, constitue le principal témoignage d’une occupation ténue, remontant à la première moitié du Ier siècle.

Un établissement, datant de la période flavienne et perdurant probablement la première moitié de la période antonine, présente une succession de deux ensembles de bâtiments sur poteaux. Un premier habitat est lié à deux autres bâtiments. Son originalité est de posséder une toiture de tuiles dont l’effondrement a piégé un lot mobilier conséquent. Les deux autres pourraient constituer des annexes du premier, malgré leur éloignement, ou un autre habitat et son grenier. des fossés parcellaires associés à de probables couloirs de conduite de bétail peuvent également avoir fonctionné de manière synchrone. Un deuxième groupe de constructions sur poteaux appartenant toujours à la même période succède probablement au premier. Parmi ceux ci, deux petits bâtiments sont des greniers aériens (5 et 7 m²). Notons encore la présence, étonnante à cette date, d’une construction n’ayant laissé comme trace qu’un « fond de cabane » de 8 m² livrant un mobilier céramique quantitativement important.

L’occupation des IIIe et IVe siècles est plus réduite, présentant simplement un habitat excavé dont les parois étaient aménagées sur des solins composés essentiellement de tuiles. Il a livré des témoins d’activités domestiques (tissage, mouture du grain) mais également d’activités agro pastorales (clarine et houe). Deux petits « fonds de cabane » lui sont associés ou le précèdent, livrant également des vestiges des mêmes activités domestiques (pesons, lissoirs de tisserand, meule).

Des épandages de tuiles constituent les seuls vestiges ayant livré du mobilier du Ve siècle. Il semble s’agir de niveaux de circulation aménagés, probablement extérieurs, oblitérant en partie les structures antérieures. L’étroitesse de la fenêtre étudiée empêche d’avoir une vue globale de l’assiette de l’occupation gallo romaine, interdisant d’être catégorique en ce qui concerne la caractérisation du site. Il semble toutefois qu’il s’agisse d’une succession de petits établissements ruraux. La pratique d’une agriculture, probablement vivrière, a ainsi pu être mise en évidence ainsi que celle d’un élevage, peut être d’ovi caprinés. D’autres activités artisanales, très probablement effectuées à échelle domestique, ont également été observées (tissage, métallurgie d’entretien). Aucune construction utilisant la pierre n’a de plus été observée, illustrant un établissement qui paraît original dans le paysage archéologique aquitain en l’état actuel des connaissances.

Zénaïde LECAT