HADÈS Archéologie

Maumarin

Fiche

  • Responsable : Pierrick STÉPHANT
  • Période de fouille : 2006
  • Localité : Le Crès (Hérault)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : MIDI

Résumé

La commune du Crès fait partie de la grande banlieue de Montpellier. Elle est située au nord est de la cité en bordure de la rivière du Salaison. Le lieu-dit de Maumarin est situé au nord/nord-est du territoire communal. En dehors de cultures agricoles, cet endroit était peu occupé. La fouille préventive menée en 2006 s’inscrit dans le cadre de la construction d’un des lotissements de la ZAC Maumarin, sous la maîtrise d’œuvre de la société Languedoc Terrains. Le site archéologique a été repéré lors d’une opération de diagnostic (Inrap) au cours de l’année 2005. Les sondages s’étendent sur un espace de plus de 2 hectares mais seulement 10,7 % de la surface à évaluer ont fait l’objet d’une investigation archéologique. Ce diagnostic a permis de mettre en évidence des vestiges de nature agraire. Les plus anciens sont datés du Haut Empire et associent des traces fossiles de cultures viticoles à un réseau de fossés et chemins, au cœur duquel s’implante au cours de la fin de l’Antiquité ou du début du Haut Moyen Âge un ensemble sépulcral. À partir de ces données, le SRA a prescrit une opération d’archéologie préventive centrée sur le cimetière et couvrant 0,4 ha.

La nature des vestiges et la complexité de leurs relations permettent d’envisager une occupation du site lors de quatre phases distinctes qu’il est difficile de dater avec précision. Cette division repose avant tout sur une lecture topographique du site, et sur les quelques éléments de chronologie relative matérialisés par les recoupements entre les structures, observés sur le terrain. Même si nous ignorons quand et comment ces phases se sont mises en place, au moins nous pouvons déterminer leur succession dans le temps.

S’éloignant des premières attentes exprimées après le diagnostic, la fouille a livré plusieurs données sur le paysage antique de la banlieue nord de Montpellier à travers la présence de deux systèmes d’organisations parcellaires identifiés. Il s’agit du cadastre Forum Domitii A (N 35° E) et du cadastre de Sextantio-Ambrussum (N 26° O). Ces systèmes d’organisation parcellaire sont précoces dans la région et se mettent en place au cours des dernières années du IIème siècle avant J. C. L’état de conservation du site ne permet pas de dater ses systèmes parcellaires. Les comblements ne contiennent que très peu de mobilier. L’étude de la céramique atteste une occupation au cours du Haut Empire, à travers la présence de sigillées et d’amphores tarraconaises, mais leur faible présence (une quinzaine de tessons) et surtout leur répartition ne permettent pas d’affiner la durée de l’occupation. La majorité des tessons découverts dans les structures sont indéniablement d’origine antique mais s’étalent entre le Ier siècle et le Vème siècle. de plus des fragments d’origines médiévale ou moderne se mêlent à ce mobilier antique. Le mobilier métallique, assez rare sur le site renforce ce problème de datation. Seule la lecture de terrain des structures nous permet d’établir une chronologie relative entre les deux systèmes. Vraisemblablement, le cadastre Sextantio-Ambrussum vient s’implanter sur celui du Forum Domitii A. Chaque système est associé à un vignoble qui présente des caractéristiques uniques. Ainsi on remarque l’emploi de la technique du complant qui est associée au vignoble qui suit les orientations données par le cadastre du Forum Domitii A. Le vignoble tiré du cadastre de Sextantio-Ambrussum se caractérise par l’utilisation de la technique du provignage. La nécropole reste mal connue, l’état de conservation des vestiges osseux n’a pas permis de réaliser des datations au 14C. Pourtant elle se distingue par la présence d’une architecture funéraire dont certains éléments sont en assez bon état. La présence de bâtières renvoie à d’autres sites de la région. Ces nécropoles apparaissent à la fin de l’Antiquité et perdurent jusqu’au Haut Moyen Âge. Des monnaies contenues dans un vase stylistiquement contemporain de la frappe de celles-ci, et reposant dans un endroit clos – une sépulture (SEP 24) livrent un marqueur chronologique fiable. Cette sépulture a été aménagée dans la première moitié du IVème siècle. Fait marquant : elle respecte les marqueurs du paysage et s’insère parfaitement dans la trame du parcellaire issu du cadastre Sextantio-Ambrussum. Une parure placée dans une autre sépulture (SEP 10) apporte aussi un élément de datation néanmoins insuffisant pour caractériser l’ensemble de la nécropole. Ce mobilier date du début du VIe siècle. Le décalage chronologique entre ces deux entités soulève la question de la conservation des vestiges et de l’occupation du site. Il est tout à fait probable que les marqueurs du paysage tirés du cadastre de Sextantio-Ambrussum soient encore visibles au moment de l’implantation des premières sépultures. Cette orientation est respectée par l’ensemble de la nécropole.

Christophe CALMÉS