HADÈS Archéologie

Les Bourgs

Fiche

Résumé

Au cours des mois de juin, juillet et août 1997, des surveillances archéologiques ont été entreprises sur les bourgs de Rauzan et Blasimon en Entre Deux Mers, dans le cadre de travaux de tranchées effectués pour la pose de conduites de gaz. Cette opération confiée au bureau d’investigations archéologiques HADES, visait à suivre l’avancement des tranchées menées à l’aide d’engins mécaniques (pelles et trancheuses) sur l’emprise de la voirie actuelle.

Au fil des travaux, plusieurs vestiges enfouis ont été repérés, soit huit indices recensés dans les rues du bourg de Rauzan, contre un indice dans celles du bourg de Blasimon. Cet écart illustre les problèmes rencontrés dans l’observation des travaux. Pour une bonne partie, les tranchées effectuées à Blasimon ont souvent suivi le tracé des conduites du tout à l’égout, tronçons de voiries entièrement remaniés et devenus inexploitables d’un point de vue archéologique. Par ailleurs, la différence de matériel employé pour réaliser l’entaille de la chaussée a rendu plus difficile la lecture des coupes sur le site de Blasimon que sur celui de Rauzan où les tranchées, plus larges, étaient plus faciles d’accès.

Dans l’ensemble cependant, les quelques structures enfouies repérées ont permis d’apporter de nouveaux éclaircissements sur l’origine et le développement de ces deux cités voisines dont on a pu observer les nombreux points communs. Il faut savoir ainsi que les bourgs de Rauzan et de Blasimon sont nés de la proximité d’un château auquel un habitat groupé a été subordonné. Le Vieux Château à Blasimon, fief de l’abbé de Blasimon, et le château de Rauzan, tenu par les sires de Rudel et de Madaillan, ont su fixer au pied de leurs murailles, une agglomération du type castelnau. Cependant, il ne semble pas qu’il y ait jamais eu d’enceinte fortifiée autour de ces deux bourgs castraux et la surveillance des tranchées n’a en tous cas rien révélé en ce sens. A Blasimon, on pouvait cependant avoir un doute puisque la fondation d’une bastide vers 1317 1322 sur l’emprise de l’ancien bourg castral avait pu gommer une fortification préexistante. Mais, là encore, aucune découverte n’est venue appuyer cette hypothèse, ni d’ailleurs l’existence d’une enceinte autour de la bastide elle-même.

En fait, la mise au jour à Rauzan d’une construction du XIVe s., interprétée comme la section du mur de défense oriental de la basse cour du château, a conduit à émettre des observations nouvelles sur le rapport entre le château et son bourg. A la lumière de ce vestige, il apparaît qu’une vaste basse cour, placée au devant du château de Rauzan, était close de murailles et servait de place de refuge à la population du bourg situé alentour. L’existence de cet espace protégé aurait conduit à négliger la construction d’une enceinte de ville, laissant ainsi la cité ouverte sur la campagne. Or, le même principe d’organisation semble avoir prévalu à Blasimon où, devant le château situé sur la pointe d’un promontoire, se dégageait vers l’est une basse cour importante entourée de remparts. Les textes nous apprennent qu’un habitat était établi dans cette première enceinte, mais que aussi une agglomération hors les murs avait émergé, sur laquelle vint se plaquer au XIVe s. le nouveau plan de bastide.

Il résulte de ces observations comparées entre Blasimon et Rauzan l’impression de deux bourgades ayant connu visiblement le même phénomène de regroupement de l’habitat. Il s’agit du castelnau de type ouvert, forme d’habitat groupé qui a su perdurer à Rauzan, tandis que Blasimon, opta par la suite pour le plan en damier d’une bastide.

En dehors de cette question sur les caractères originaux des deux agglomérations, on a pu aussi en dresser un aperçu topographique, à travers notamment la reconnaissance de l’assiette rocheuse affleurante sur laquelle chacune d’elles s’est établie. Par contre, rares sont les données sur les aménagements de voiries anciennes pratiquement inexistants sous les chaussées actuelles. Il semble pourtant que peu de modifications soient intervenues dans l’organisation de l’habitat depuis le moyen âge, sinon à partir du XIXe s. On note par exemple à Rauzan, l’aménagement d’une nouvelle rue, le transfert du cimetière paroissial et le lotissement des anciens remparts de la basse cour. À Blasimon, le XIXe s. se démarque par une prolifération des ateliers de tuiliers et de potiers sur la commune, dont nous avons pu apprécier quelques témoignages à travers un remblai de tessons de poteries jeté à l’entrée du bourg.

Jean-Luc PIAT