HADÈS Archéologie

Le Grand Puyconnieux

Fiche

  • Responsable : Catherine BOCCACINO
  • Période de fouille : 2001
  • Localité : Dournazac (Haute-Vienne)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : MIDI

Résumé

Dans le but de créer, dans les 10 ans à venir, un réseau de sites et de découvertes, le Parc Naturel Régional Périgord Limousin (P.N.R.) a signé une charte pour la mise en valeur prioritaire de 12 sites naturels et/ou archéologiques. Le Grand Puyconnieux est le premier concerné par ce projet. Il se situe en Haute Vienne, sur la commune de Dournazac et culmine à 498 m.

Son intérêt archéologique, anciennement signalé par la présence de mobilier préhistorique et gallo romain ramassé en surface, se conjugue avec la convergence de plusieurs anciens chemins ainsi que la proximité de la villa antique « Les Couvents », située à 2 km. En 1980, une campagne de fouilles avait permis le dégagement de maçonneries : l’une était un mur d’enclos, l’autre un angle de bâtiment qui, par leur disposition centrée, pouvaient faire référence au plan d’un fanum ou temple antique. L’élaboration du projet d’aménagement du site, placé sous la maîtrise d’ouvrage du P.N.R., a donc été précédée d’une évaluation archéologique prescrite par le Service Régional de l’Archéologie. À cet effet, une série de sondages ponctuels a nécessité 7 jours d’intervention sur site à 1 archéologue et 5 jours d’étude post-fouille. L’objectif était de compléter les données déjà acquises, de tenter de définir la fonction du site et de constater l’état de conservation des vestiges. Dans une perspective favorable à la mise en valeur du site, les données recueillies devaient constituer aussi une base de données indispensable pour quantifier et mettre en place, le cas échéant, une fouille de plus grande ampleur.

Les 18 sondages réalisés ont été implantés en fonction des contraintes topographiques existantes (présence d’un château d’eau enterré et du système de réseaux qui lui est lié, préservation de l’accès actuel et de la borne IGN implantée au sommet du site) et de la répartition des vestiges découverts en 1980 : le premier ensemble maçonné se situant sur la partie sommitale du site, tandis que le second était sur le versant sud-ouest. Le mode opératoire retenu fut celui d’un quadrillage du terrain, avec des sondages rayonnants à partir du sommet et en direction des versants. Pour respecter les délais impartis, les recherches se sont concentrées dans les secteurs où le potentiel archéologique était positif. Sur les 18 sondages, 11 sont positifs, 3 révèlent des indices archéologiques sans structure et 4 sont négatifs.

Les indices archéologiques ont permis de dégager certaines généralités concernant la profondeur des vestiges, leur localisation, la profondeur et la nature du sol géologique ainsi que les surfaces détruites.

La profondeur des vestiges : les structures et indices repérables se situent immédiatement sous le couvert de terre végétale. Certaines arases sont juste recouvertes par 5 cm d’herbe. La couche de terre végétale est plus épaisse sur le sommet des versants ouest et sud où elle atteint 25 cm.

La localisation des vestiges : les structures liées à l’occupation antique sont mieux conservées sur le versant ouest et sud-ouest-que sur le sommet ou le versant oriental. La surface sondée comporte 17 structures archéologiques simples et 3 structures archéologiques complexes.

Les niveaux stériles ont été atteints dans tous les sondages à l’exception du sondage 15. Le substrat est une roche micacée de type embréchite. Sa profondeur varie entre 0,05 m et plus de 2,40 m. Dans les sondages où il n’est pas directement au-dessous de la terre végétale, il est recouvert par du tuf, appellation locale pour désigner un sédiment sableux très compact, plus ou moins micacé, de couleur blanche parfois veinée d’ocre rouge. Localement, un sédiment sableux et compact, de couleur orangé s’intercale entre le rocher et le tuf. Dans deux sondages, cette couche renferme de nombreux silex taillés qui peuvent témoigner de la fréquentation du site dès la préhistoire.

La nature des structures et leur répartition permettent de distinguer trois zones. Au nord, deux types de structures maçonnées ont été mises au jour : un enclos de 44 m de côté et en position centrale, les vestiges bien endommagés d’une construction indéterminée. Au sud et à l’extérieur de l’enclos, les vestiges d’occupation sont des structures en creux dont les fonctions semblent bien particulières : fosse de calage, fosse ou fond de cabane, fosse d’extraction de matériaux. Certaines de ces structures sont associées à une couche archéologique en place. Enfin, de manière plus marginale, on repère une grande excavation qui pourrait être liée à l’extraction de pierre à bâtir.

À l’époque antique, le site du Grand Puyconnieux est occupé par un grand enclos maçonné d’au moins 44 m de côté. Les rares éléments de mobilier trouvés lors de ce diagnostic fragment de meule, silex et les structures installées à la périphérie trou de calage, fosses semblent indiquer qu’il s’agit plutôt d’une communauté tournée vers des activités agro pastorales. Les tessons de céramique et de verre se réfèrent à une période d’occupation assez longue, entre le début du Ier siècle et le début du IIe siècle. Les recherches menées en Grande Bretagne indiquent que les petits « habitats agricoles montrent très peu de traces de «romanisation» dans leurs bâtiments et dans leurs matériels » . La comparaison avec d’autres sites s’avère difficile. L’étude des enceintes gallo romaines rurales en est encore à ses prémices, faute de fouilles extensives pouvant enfin apporter des données matérielles qui permettraient de comprendre leur organisation et de définir réellement leur fonction. Ces établissements ne sont pas pour autant totalement inconnus. de nombreux programmes de recherches, tant en Italie, qu’en Grande Bretagne et en France, tentent de combler ces lacunes. Plus près de nous, parmi les enceintes recensées figure celle de Vansannaud, située à une quinzaine de kilomètres du Grand Puyconnieux. Sa situation sur un sommet est comparable à celle du Grand Puyconnieux et les prospections au sol, réalisées par Patrice Conte (S.R.A.), confirment une datation gallo-romaine.

Ce qui fait aussi actuellement défaut pour progresser dans la connaissance des établissements ruraux antiques, c’est la rareté des fouilles extensives, et plus encore les difficultés d’y joindre une étude élargie à son environnement et au territoire où elle se situe. L’intérêt de ce diagnostic est d’avoir pu cerner les limites de l’occupation autour de l’enclos. Concernant le Grand Puyconnieux, les indices fournis ouvrent de nouvelles pistes de réflexion. Les aménagements reconnus posent les grandes lignes de l’organisation générale de l’occupation. L’enclos délimite une zone particulière et peut être privilégiée dont on ignore la fonction. Il constitue un point fort autour duquel se greffent des structures ponctuelles nécessaires aux activités de ses habitants. Ces activités sont pour la plupart encore indéterminées, l’une d’elles serait liée à l’extraction de pierres à bâtir.

La question posée par la fonction réelle du site reste d’actualité. Les indices recueillis favorisent l’identification du site à un enclos de type agricole et/ou pastoral plutôt qu’à un fanum. Mais cette hypothèse ne saurait être définitive. Seule une fouille extensive pourrait apporter à ce sujet des éclaircissements. En ce qui concerne l’étude de cette occupation, des pistes de recherches restent encore inexploitées, comme l’étude des différents cadastres. Une meilleure connaissance du contexte général et de cet environnement à l’époque gallo-romaine est indispensable pour établir le lien éventuel entre le site du Grand Puyconnieux et les autres sites gallo romains du secteur avec, en particulier, celui de la villa antique des Couvents.

Catherine BOCCACINO

Catherine BOCCACINO