HADÈS Archéologie

Le château d’Ambres

Fiche

Résumé

La commune d’Ambres appartient à la frange occidentale du département du Tarn. Elle prend place dans la vallée de l’Agout à sa confluence avec le Dadou. Elle se situe dans le périmètre extra-urbain de la ville de Lavaur dont elle est distante d’un peu moins de 4 km au sud-est. Toulouse, plus éloignée, est distante d’une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest. Le village s’est installé sur un promontoire naturel culminant à un peu plus de 200 m d’altitude (fig. 1). Son territoire se compose essentiellement de terres agricoles parsemées de hameaux et de fermes nommées boria ou borie.

Le locus de la présente étude s’inscrit à l’extrémité septentrionale du village, en contrebas de l’éminence naturelle qui accueillait le château des vicomtes de Lautrec au XIIIe siècle. La dépose d’un permis de construire concernant un projet de construction d’un pavillon privé et d’une piscine a fait l’objet d’une prescription pour un diagnostic archéologique réalisé en octobre 2013. L’intérêt scientifique suscité par les vestiges découverts, identifiant une occupation dont le temps fort se concentre sur le XIIIe siècle, s’est traduit par la prescription d’une fouille préventive.

Le relief étudié s’inscrit dans un environnement de transition paysagère avec d’une part un ensemble de collines et de coteaux qui occupent l’est et le sud-est et d’autre part la plaine ouverte de l’Agout au nord et à l’ouest. Cette butte est le témoin des anciennes terrasses des rivières proches. Elle est constituée d’un substrat molassique datant de l’Oligocène inférieur (Tertiaire), protégée partiellement de l’érosion par une couverture de graviers et galets formant des poudingues. Cette morphologie a conditionné la topographie du terrain qui est marquée par une déclivité importante.

Les résultats scientifiques permettent de dresser un bilan positif. En dépit d’une emprise réduite approchant les 2000 m2, la fouille a permis de compléter les données du diagnostic en mettant au jour 212 structures. L’occupation s’illustre par la présence d’un fossé d’enceinte délimitant une basse-cour pourvue de cinq bâtiments incendiés (fig. 2 et 3). On dénombre également une cinquantaine de silos laissant entrevoir une partie de la fonction du site. Cet ensemble met en avant une homogénéité temporelle du Moyen-Age central. En l’état, les vestiges et les maigres indices historiques tendent à mettre au crédit d’Amalric Ier la réalisation de ces bâtiments. Ce dernier apparaît, en 1255, à l’occasion du partage des biens de Sicard VI entre ses fils en obtenant la vicomté d’Ambres.

L’agencement des unités bâties est révélateur d’un projet conçu vraisemblablement d’un seul tenant comme le laisse à penser l’uniformité des constructions. En préalable, le versant nord a fait l’objet d’un remodelage conséquent avec la création de terrasses et d’une plate-forme correspondant à l’assiette des bâtiments. La mise en œuvre des maisons fait appel au procédé de la terre massive avec des élévations en torchis dans le cadre d’un pan de bois comme le suggèrent les fragments de terre rubéfiée découverts. On peut restituer une couverture en tuiles, dont l’effondrement a partiellement préservé les niveaux d’occupation intérieurs (fig. 4). Les aménagements bâtis font état d’une spatialisation cohérente et vraisemblablement planifiée au vu des alignements à l’œuvre et du module de bâtiment reconduit. La prise en compte de l’évacuation des écoulements d’eau des toitures ou la réalisation de cheminements encaladés sont autant d’arguments en faveur d’un projet de lotissement concerté.

On observe un changement d’affectation du bâti avec la réalisation d’une cinquantaine de silos à l’intérieur et aux abords immédiats des maisons. La densité suggère une part croissante prise par la fonction de stockage des denrées dans le cadre de bâtiments évoluant vraisemblablement vers un statut agricole.

L’analyse du mobilier n’autorise que très partiellement l’appréhension d’un niveau social et la vie quotidienne des occupants. Les objets en métal font transparaître très nettement une identité régionale dans laquelle les artefacts relevant de la sphère militaire sont très discrets. L’essentiel des artefacts métalliques relève des activités agro-pastorales, de la construction et dans une moindre mesure domestique suggérant là le changement d’affectation des bâtiments à des fins de stockage des récoltes. Cette part des activités annexes est renforcée par la présence d’un four de potier.

Les mobiliers bénéficient de caractéristiques et de comparaisons typo-chronologique qui concordent pour situer l’occupation durant le milieu du XIIe siècle. L’amorce de l’abandon de frange du site, matérialisé par un incendie, intervient vraisemblablement dans la seconde moitié voire 3 éme quart du XIIIe siècle. Au regard des indices, cet évènement semble volontaire et suggère un déménagement économique.

Benoît GARROS