HADÈS Archéologie

L’aqueduc romain, les « Grands-Champs »

Nos métiers Production scientifique Opérations L’aqueduc romain, les « Grands-Champs »

Fiche

  • Responsable : Olivier HAUSARD
  • Période de fouille : 2012
  • Maître d’ouvrage : Villes et villages créations
  • Localité : Divonne-les-Bains (Ain)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,

Résumé

L’opération de fouille préventive menée sur la commune de Divonne-les-Bains, au lieu-dit des « Grands Champs » en septembre 2012, aura permis de mieux renseigner l’aqueduc romain qui alimentait la ville antique de Noviodunum (Nyon). Une portion de 142,50 m de cet ouvrage été mise au jour, ce qui en constitue pour l’heure le plus long tronçon de jamais excavé. De l’étude de cet aqueduc, intégralement souterrain, la principale avancée concerne la mise au jour de regards. Au total, trois regards consécutifs ont pu être étudiés, permettant de constater qu’ils sont régulièrement espacés avec un intervalle de 42 m entre eux. Dans le cadre de ce rapport, nous avons aussi intégré la découverte de deux autres regards effectuée en 2001 par le groupe de bénévoles Divonarium. Le premier était situé à « La Charmeraie », parcelle mitoyenne au sud-ouest des « Grands Champs ». Le second regard se trouve sur un terrain communal et est toujours visible. Ce groupe de bénévoles nous a également transmis une importante documentation, principalement photographique, que nous avons jointe à notre inventaire.

Une autre avancée concerne le mode de construction de l’aqueduc. Il est maintenant avéré que les piédroits ont bien été liés à l’origine à l’aide d’un mortier de chaux. Cependant, ce dernier a, en grande partie, été lessivé et remplacé par de l’argile au sein des piédroits. La question du type d’aménagement pour le fond du canal demeure. Bien que quelques dalles en terre cuite aient été retrouvées in situ en Zone D, leur absence dans toutes les coupes étudiées pose le problème de savoir si l’aqueduc était originellement dallé partout et que ces dalles ont par la suite fait l’objet d’une intense récupération, ou s’il a existé un mode de construction différent qu’il reste à découvrir. L’hypothèse d’une récupération reste toutefois la plus probable. Par ailleurs, un mode de construction nettement différent du fond de l’aqueduc a été repéré à son extrémité d’aval : sur une longueur d’au moins sept mètres, un solide béton de tuileau d’une vingtaine de centimètre d’épaisseur tapisse le fond du canal et pourrait être l’amorce d’un dispositif ou structure particuliers.

Concernant la pente de l’aqueduc, la différence altimétrique entre le début et la fin de ce tronçon de 142 m de long est d’environ 4 m. Sur les soixante premiers mètres l’aqueduc suit les courbes de niveau et sa pente est assez douce (0,55 %). Puis, sur un tronçon suivant d’au moins cinquante mètres de long, la pente est beaucoup plus forte (5,05 %) et correspond à un endroit où le tracé de l’aqueduc amorce un virage et recoupe les courbes de niveau. Sur la dernière partie de l’aqueduc, là où se trouve le béton de tuileau, la pente semble se radoucir. Ce béton de tuileau, disposé au débouché de cette forte pente, a peut-être servi à renforcer localement le specus à un endroit où l’eau devait avoir une grande vitesse et donc être susceptible d’endommager rapidement la canalisation.

Notons pour terminer la présence aux « Grands Champs » d’un paléosol, recoupé par la tranchée d’installation de l’aqueduc, et daté par radiocarbone d’environ 4300 à 4000 av. J.-C., soit une fourchette appartenant au néolithique moyen. Aucuns mobilier ni structures qui pourraient lui être associés n’ont été retrouvés.

Olivier HAUSARD