HADÈS Archéologie

Hôtel de Hauranne

Fiche

Résumé

Engagés par la municipalité de Bayonne, les travaux de réhabilitation de l’hôtel de Hauranne ont permis de dégager les vestiges de l’enceinte antique et ceux d’une maison médiévale.

Situé au n°14 de la rue Gosse, à l’intérieur de la ville haute de Bayonne, l’hôtel de Hauranne se compose de plusieurs corps de bâtiments organisés autour d’une cour. La partie la plus ancienne, qui figure sur le plan de la ville de 1674, est sise sur l’enceinte antique en fond de parcelle. Au XVIIe s., l’hôtel appartient à la famille de Hauranne, nom qui évoque l’abbé de Saint Cyran, Jean Duvergier de Hauranne, un des fondateurs du jansénisme.

La portion de l’enceinte antique, visible dans la rue des Augustins, et les élévations médiévales qui ferment la partie nord-est de l’hôtel ont été l’objet d’une analyse archéologique du bâti.

L’enceinte antique La première phase de construction correspond à la fin de l’Antiquité. La portion de courtine qui constitue la limite orientale de la parcelle présente une longueur de 19 m. Le décrépissage de la façade de l’immeuble tournée vers la rue des Augustins a rendu apparents les restes de son parement de moellons. L’élévation présente, répartis irrégulièrement, quatre cordons composés de deux lits de pierres plates. Le cordon supérieur n’est conservé qu’à l’extrémité nord. Il semble qu’il soulignait le niveau du chemin de ronde et marquait le bas du parapet. Sa position est à 6,50 m au-dessus du sol de la rue. Les pierres des lits inférieurs de l’élévation actuelle, plus irrégulières que celles des assises courantes, correspondent peut être à une partie déchaussée des fondations. La largeur du mur est de 2,45 m dans la partie basse contre laquelle s’appuie, du côté interne, la cave à demi enterrée de l’hôtel du XVIIe siècle. Au-dessus de la voûte de ce local, la courtine, moins large, a été réduite en épaisseur en plusieurs endroits. Dans les baies, le blocage de la maçonnerie apparaît en coupe, avec des lignes horizontales correspondant aux arrêts de coulée du mortier. En façade, trois rangs de trous de boulin ont été dégagés ; l’alignement médian, presque complet, comporte encore neuf cavités. Les profondeurs des fourreaux sont comprises entre 12 cm et 27 cm ; dans deux trous restent visibles les empreintes des pièces de bois rondes qui y furent engagées pour la pose de l’échafaudage.

Les vestiges d’une maison médiévale Il ne subsiste aujourd’hui de cet édifice qu’un mur pignon et une partie d’un mur gouttereau. Parfaitement distincte, la construction médiévale est presque exclusivement réalisée en grès de Mousserolles de couleur jaune. Ce matériau, tendre et poreux, parfois composé d’un amas de minuscules coquillages, est très usité pour la construction de nombreux édifices bayonnais au cours des XIIIe et XIVe siècles et provient de carrières toutes proches situées dans le quartier de Mousserolles à la périphérie est de la ville. Un calcaire dit de Bidache, dur, gris clair avec des veines de silex est utilisé ponctuellement sur les parements intérieurs et notamment à chaque niveau de plancher.

Malgré quelques incertitudes, il semble que le second mur gouttereau venait s’appuyer contre l’enceinte antique et non pas sur son épaisseur. Cette proposition indiquerait que le chemin de ronde de l’enceinte pourvu d’un parapet était toujours utilisé. On pouvait alors y accéder par la porte en brique partiellement conservée dans le mur pignon.

L’analyse archéologique des deux murs permet de restituer un édifice à trois niveaux (un rez-de-chaussée surmonté de deux étages) séparés par un plancher. Aucune ouverture ni aménagement intérieur contemporain des élévations n’a été repéré aux deux premiers niveaux. Le dernier niveau était quant à lui couvert par une charpente et éclairé par au moins deux fenêtres. Ces baies aux embrasures étroites et hautes correspondent à de petits jours.

La conservation d’une partie du faîte du mur gouttereau montre que les longs pans de la toiture étaient encaissés et que l’évacuation de l’eau pluviale s’effectuait par des trous maçonnés de 0,35 m de côtés disposés tous les 0,20 m.

La confrontation des données archéologiques et des anciens plans de Bayonne indique que ces murs appartenaient à une maison qui se développait au nord de l’hôtel de Hauranne, avec sa façade principale sur la rue de la Poissonnerie. Elle était encore, à la fin du XVIIe siècle, séparée de l’hôtel de Hauranne par une petite cour et de la maison voisine située à l’ouest, par un étroit passage.

En recalant, les vestiges sur le plan cadastral de 1975, on peut estimer que cet édifice, qui pouvait se composer de deux corps de bâtiment, mesurait près de 35 m de long sur 9 m de large. Cette maison, connue sous l’appellation de « Temple de Mars », qualifiée de maison noble ou de forteresse, existait déjà en 1383 et appartenait aux seigneurs d’Arribeyre, famille qui donna à la ville de Bayonne un évêque et un certain nombre de maires.

Les vestiges conservés sont ceux d’une maison exceptionnelle à Bayonne puisque entièrement construite en pierres de taille et pourvue de deux étages. Il est aujourd’hui difficile de préciser la date de son édification et seule la mise en œuvre permet pour l’instant de la situer au XIIIe ou au XIVe siècle.

Sandrine CONAN, Jean Pascal FOURDRIN