HADÈS Archéologie

Forteresse de Salses

Fiche

Résumé

2014 : le réduit

La réalisation de travaux de restauration sur le réduit de la forteresse de Salses (66) par l’entreprise Py, sous la maîtrise d’ouvrage d’O. Weets, architecte en Chef des Monuments Historiques (ACMH), a motivé la prescription d’une surveillance archéologique. Réalisée en deux temps, elle a permis d’investiguer plusieurs secteurs du « réduit », ensemble architectural localisé dans la forteresse, entre la place d’armes et la « tour d’hommage » ou donjon ; le fossé, son front (Fig. 1); les rampes d’accès nord et sud, ainsi qu’une des pièces localisées en arrière du réduit, traditionnellement qualifiée d’étable (Fig. 2).

Dans le fossé du réduit, la réalisation de tranchées de drainage a été l’occasion de repérer la cote d’apparition du substrat et de confirmer la présence de niveaux archéologiques en place. Le dégagement des deux canalisations courant sous le sol de la calade formant l’étable ou l’écurie, en arrière du réduit, a permis de préciser la chronologie de construction des ouvrages et leur relation avec le sol, qui est d’origine. Il semble en effet que la gestion de l’eau ait été pensée bien en amont, avant la construction des édifices. Quant à la pièce située à l’arrière du réduit, il semble qu’elle ait eu, comme fonction première, celle d’écurie. Au dernier niveau du réduit, sur les rampes d’accès, et notamment sur la rampe sud conduisant, au XIXe siècle, à la « maison du gardien », le dégagement partiel des maçonneries affleurant a confirmé la présence d’une structure maçonnée qu’il est tentant de rapprocher d’un créneau. Seul un dégagement plus extensif et surtout plus profond permettrait de confirmer cette hypothèse, qui, si elle était validée, tendrait à prouver que la courtine était bien plus basse que ce qui était envisagé au départ.

Bien que ponctuelles, ces investigations renouvellent un certain nombre de problématiques liées à la configuration originelle du réduit. Elles soulèvent également des interrogations sur l’authenticité de certaines des maçonneries ou concernant la fonction des espaces composant le réduit.

2015 : les fossés

Le Centre des Monuments Nationaux, en tant que gestionnaire de la forteresse de Salses, envisage la réalisation de travaux, sous la maîtrise d’œuvre d’O. Weets (ACMH), concernant la réfection des réseaux hydraulique et d’assainissement du site. La réalisation d’investigations complémentaires préalables à l’élaboration du nouveau projet fait suite à la phase 1 « raccordements au réseau d’eau public », réalisée en 2010. Ces investigations ont été définies sur la base des préconisations du bureau d’étude HydroGéoConsult, en 2006. Conscient de l’intérêt historique et patrimonial du site, le Centre des Monuments Nationaux a sollicité la DRAC de Languedoc-Roussillon afin que soit mise en place, parallèlement à ces investigations complémentaires, une mission de suivi de travaux et d’étude archéologique.

Fondées sur ses préconisations du bureau d’études HydroGéoConsult, les recherches complémentaires ont été réalisées entre le 9 et le 13 mars 2015 par le bureau Hydrogéotechnique (Fig. 3), accompagnées d’une surveillance archéologique effectuée par le bureau d’études Hadès. Bien que courtes et limitées, les investigations réalisées en divers points des fossés apportent de nouvelles données sur la place forte.

Un remplissage systématique du fossé ouest par un sédiment limono-argileux rougeâtre daté du XVIIsiècle a pu tout d’abord être observé. Les sondages réalisés confirment qu’il occupe au moins tout le côté sud du fossé, compris entre la tour d’angle sud-ouest et la tour d’angle nord-ouest. Il est impossible de préciser, à ce stade, s’il se poursuit dans les autres secteurs des fossés. Cette opération a aussi permis la mise au jour d’une maçonnerie arasée (Fig. 4), probablement contemporaine des travaux d’agrandissement de la tour nord-ouest au début du XVIe siècle. Cette structure, qui demande à être étudiée de façon plus exhaustive, soulève également la question du présence d’une cunette dans cette section du fossé.

Les aménagements observés dans le fossé nord, le long du glacis de la tour d’angle nord-est, sont en communication et participent à l’évacuation de l’eau issue du réseau intérieur de la forteresse. Ils sont cependant postérieurs à l’aménagement du glacis de l’escarpe du début du XVIe siècle, et à mettre en relation avec la réalisation de prises d’eau entre le XVIIe et le XIXe siècle. Ces aménagements tardifs se greffent cependant sur un réseau de canalisations plus ancien et difficilement observable, car localisé sous le glacis de la tour nord-est et sous l’escarpe. Quant aux repérages réalisés dans la galerie de contremine nord, dans le voisinage des aménagements observés dans le fossé nord, ils révèlent un secteur particulièrement remanié, d’une grande complexité en ce qui concerne la compréhension de la gestion de l’eau. La canalisation 5004 constitue une ceinture intermédiaire chargée de collecter les eaux issues des tours, du réseau interne, et de les évacuer en direction du réseau externe, vers le fossé. Il semble en tout cas que ce secteur, également appelé « tour des eaux », ait été le principal point de collecte et d’évacuation des eaux en relation avec les réseaux internes et externes, probablement dès l’origine.

La mission de surveillance archéologique des travaux, visant à préciser les modalités de gestion et d’évacuation d’eau dans le fossé nord de la forteresse, oblige à aborder d’une façon plus générale la problématique de la gestion de l’eau dans l’ensemble du monument. Au regard de la complexité de cette thématique, notre étude ne peut envisager que de nouvelles pistes d’analyse sans pour autant épuiser le sujet.

Eric DELLONG