HADÈS Archéologie

Fontaine Chaude

Fiche

Résumé

À la demande de la ville de Dax (Landes), la Conservation Régionale des Monuments Historiques a engagé la consolidation de la Fontaine Chaude, située dans le centre urbain ancien. Ces travaux nécessitaient des décaissements, de 1,40 m de profondeur en moyenne, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’édifice actuel édifié au XIXe siècle sur un bassin d’origine antique.

Les risques de recouper des niveaux d’occupation antérieurs, tant antiques que médiévaux, étant réels, le S.R.A. d’Aquitaine a prescrit une surveillance archéologique de l’ouverture des tranchées, sachant que la zone intérieure avait déjà fait l’objet de remaniement en 1962. Ce suivi a été réalisé en trois phases, la 1ère assurée par Hélène Silhouette (mars 2000), les deux autres par Catherine Boccacino (janvier 2001).

Historique Des recherches historiques, déjà menées dans le cadre du P.O.S.H.A. de Dax, avaient permis, au travers d’un large dépouillement bibliographique et iconographique, de dresser un inventaire précis des différentes mentions de la Fontaine Chaude. La tradition veut que Dax l’antique Aquae Tarbellicae, chef lieu des Tarbelles ait été fondée à l’époque augustéenne. Mais, à ce jour, aucun témoignage archéologique ne corrobore cette hypothèse en l’absence d’exploration archéologique dans les couches les plus anciennes du sous-sol. Les indices les plus anciens sont des tessons de céramique sigillée sud gallique du Ier siècle qui proviennent de sondages récents. L’urbanisation et le développement du secteur thermal autour de la source de la Nèhe et les indices d’occupation retrouvés jusqu’alors ne sont pas antérieurs au IIe siècle. Cette vocation thermale du quartier a été mise en évidence à la fin du siècle dernier par des travaux d’urbanisme qui ont fait apparaître les vestiges de plusieurs établissements de bains. Ces travaux ont aussi confirmé la présence, à une vingtaine de mètres au sud de la Fontaine actuelle, d’un mur antique exceptionnellement large arrêtant les infiltrations d’eau et assainissant le sous-sol.

C’est au XIIIe siècle qu’apparaît dans les Rôles Gascons la première mention écrite connue concernant la Fontaine de la Nèhe. Au XIVe siècle, un ou plusieurs bassins sont attestés à cet emplacement.

En 1568, la source principale était enclose dans une vaste enceinte carrée. Par un système de canalisations, l’eau se rendait fort tempérée dans un large canal en pierre de taille où il était possible de nager. Quatre bains plus petits flanquaient un autre côté de la fontaine.

À la fin du XVIe siècle, des baignoires en marbre attestent la continuité de l’activité thermale.

C’est la « maison des bains », bâtie contre le bassin qui laisse, en 1814, place au bâtiment actuel qui est achevé en 1818.

État actuel du bâtiment L’édifice conservé, a partiellement été remanié en 1962. Son plan trapézoïdal est un portique de style toscan, entièrement construit en pierres taillées.

Les façades secondaires sont ouvertes dans leur partie centrale par cinq arcades en plein cintre au sud comme à l’est et par trois arcades au nord. La façade principale ouest-(16 m) est, quant à elle, précédée d’un escalier monumental et percée de trois grands arcs qui dominent de plusieurs mètres le reste de l’édifice. Son soubassement renferme le système de canalisation de l’eau de source qui surgit de trois séries de trois mufles de lion en cuivre. À l’origine, la base du parement interne était recouverte d’un enduit étanche car elle servait aussi de parois au grand bassin qui occupait toute la partie centrale de l’édifice. Le fond du bassin était traité de même. L’eau qui y était stockée maintenait alors en permanence, au pied des fondations, un milieu humide favorable à la conservation des traverses et des pieux en bois sur lesquels est fondé l’édifice. Les restaurations Pour remédier à la baisse de la nappe phréatique, des travaux de restauration sont entrepris en 1962. Un nouveau bassin étanche est construit à l’intérieur du bassin primitif. Ses parois en béton, construites 2 m à l’intérieur de l’enceinte, assèchent les pieux de bois soutenant les fondations et occasionnent des désordres structuraux importants (fissures et déversements de façades) dus à des tassements différentiels. Deux autres campagnes de restauration seront menées en 1977 et 1987 avec, en particulier, une reprise en sous œuvre par micropieux d’une partie du mur nord et un boisage du fronton de la façade principale.

Une reconnaissance géotechnique effectuée en 1991 documente sur l’état du sous-sol : les murs en brique et en pierre sont édifiés sur un platelage en bois complètement délité, de 0,25 m d’épaisseur ; le terrain géologique est extrêmement hétérogène (argiles sableuses molles, milieux alluviaux sablo graveleux, argiles à blocs ou niveaux calcaires). Les arrivées d’eau thermale se faisaient dans ces formations, situées entre 10 m et 18 m de profondeur. Aujourd’hui, l’alimentation du bassin s’effectue par un forage crépiné entre 77 et 150 m.

Les recherches antérieures Les recherches effectuées en 1976 par B. Watier ont permis de constater l’état de dégradation des pieux de fondation de l’édifice actuel tout en permettant le repérage d’un bassin monumental antique.

L’emprise de ce bassin, construit entre 365 et 375 ap. J.-C., dépasse au nord les limites de l’édifice actuel (sondage 1977, B. Watier). Les remaniements apportés au cours des temps médiévaux et modernes, confirment la continuité de l’activité.

Les nouvelles données Les vestiges de murs découverts en mars 2000, sur le flanc oriental de la Fontaine, ont la même orientation que le tronçon de mur antique découvert en 1976. Il s’agirait d’une reprise médiévale ou post médiévale sur l’angle sud est du bassin monumental d’origine antique. Un petit bassin, plus tardif (époque moderne ?), délimité par deux parois en briques, est adossé à l’angle interne.

Sur le flanc sud, le mur retrouvé est associé à un sol en cailloutis, accolé à ses deux parements. Cet ensemble ne s’insère ni dans la trame antique ni dans la trame moderne. On ignore dans quelle mesure ce choix des constructeurs médiévaux, répond ou non à des contraintes topographiques ou techniques particulières. La fonction de ce mur est tout aussi impossible à déterminer : est-ce un muret d’enceinte ou le mur porteur d’une construction ? La seule certitude est apportée par les différents niveaux de sols qui, par leur superposition, signalent le maintien et l’entretien d’une aire de circulation autour de la source.

Catherine BOCCACINO