HADÈS Archéologie

Église Sainte-Quitterie du Mas

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Fiche

Résumé

2006

Dans l’étude préalable à la restauration et de la mise en valeur de la crypte de l’église Sainte-Quitterie, des interventions de décrépissage ont été effectuées. Plusieurs travaux, depuis le XIXe siècle permettent de connaître l’histoire du monument. Son intégration dans le programme collectif de recherche (PCR) sur les édifices religieux urbains du haut Moyen Âge en Aquitaine lancé en 1995 a permis d’entreprendre une nouvelle lecture de l’ensemble architectural. Les recherches ont permis de proposer des jalons chronologiques pour le bâtiment primitif et tout particulièrement pour sa façade occidentale. Cependant la lecture de la totalité des vestiges n’a pu être menée. C’est dans cette optique que le bureau d’investigation Hadès s’est vu confier la mission de réaliser les différents relevés architecturaux des vestiges mis au jour.

Les résultats de cette opération confirment la présence d’un bâtiment primitif antique à vocation funéraire de type mausolée. Les murs découverts présentent la trace d’anciens aménagements du même type que la niche centrale de la façade occidentale. L’étude a permis de certifier l’existence d’au moins cinq arcosolia. Le plan rectangulaire avec une ouverture vers l’orient est ainsi confirmé sans que l’on puisse préciser avec exactitude l’emplacement de l’entrée.

Cette construction est peut être à l’origine de l’implantation d’un cimetière au VI-VIIe siècle remarqué à l’est du chevet de l’église. Elle perdure jusqu’à l’implantation du monastère qui l’englobe au XIe siècle en s’en servant de crypte.

L’analyse architecturale entreprise sur les murs occidentaux de la crypte a permis d’entrevoir des éléments de réponse sur d’éventuels accès roman entre la crypte et l’église haute. Les piquages réalisés sur le mur ouest de l’absidiole nord a permis de dégager un chaînage de blocs calcaire avec de part et d’autre des structures équivalentes à des bouchages. L’analyse du mur ouest de l’absidiole sud confirme les vicissitudes connues par l’édifice à l’époque moderne. La trace d’une ancienne ouverture n’a pas pu être véritablement distinguée.

Natacha SAUVAÎTRE

2016

L’opération archéologique menée dans l’église Sainte-Quitterie en novembre 2016 s’inscrit dans le projet de la mairie d’Aire-sur-l’Adour de restaurer et de mettre en valeur la crypte. Les travaux de restauration portent atteinte tout particulièrement à l’abside centrale, à la croisée du transept, aux murs ouest des transepts nord et sud ainsi qu’au porche laté­ral de l’église. Cette nouvelle campagne de restauration offre l’opportunité de compléter les données acquises lors de notre première intervention en 2006, notamment sur la problématique concernant des questions d’arti­culation et de dispositions architecturales entre l’église haute et la crypte.

Deux sondages ont été réalisés en accompagnement des travaux. Le pre­mier à l’occasion de l’ouverture d’une tranchée dans le bras nord de la crypte a permis de dégager un tronçon d’un caniveau en briques, parallèle au mur ouest du transept. Il correspond à la suite du caniveau repéré dans le sondage 6.1 par l’équipe de P. Vergain dans les années 1990. Le second sondage, réalisé dans le porche latéral nord de l’église, en amont de l’ins­tallation d’un élévateur PMR, a permis de découvrir deux sépultures orien­tées est-ouest (fig. 2). Il s’agit de sujets adultes primaires, féminin pour l’un et indéterminé pour l’autre. Cette dernière sépulture a la particularité d’être double (un adulte et un immature) correspondant à un dépôt simultané dans le temps. La datation radiocarbone, effectuée sur les restes osseux, permet d’établir que les deux sépultures ont été réalisées entre la deuxième moitié du XVe siècle et la première moitié du XVIIe siècle. La chronologie relative permet de placer ces inhumations plutôt entre le XVIe et le XVIIe siècle. Trois maçonneries ont, par ailleurs, été partiellement mises au jour dans cette emprise. Elles présentent toutes les trois les mêmes caractéristiques de mise en œuvre. Trois marques lapidaires ont été identifiées (fig. 3). La mise en œuvre soignée, l’utilisation d’un grand appareil pour le parement des murs et la présence de ces signes constituent des indices chronologiques qui per­mettent de dater ces constructions de l’époque romane.

À l’issue de notre première intervention cinq grands états avaient été dis­tingués du point de vue de la chronologie relative. Le décrépissage complet des murs du transept de la crypte ainsi que les deux sondages effectués per­mettent de compléter et d’affiner le phasage proposé préalablement. Ainsi l’état 3, qui couvrait une fourchette chronologique large allant du XIIIe au XVIe siècle, a été subdivisé en deux permettant d’isoler les travaux de reconstruction subi par l’édifice au cours des XIIIe-XIVe siècles.

Aucune donnée inédite sur le bâtiment primitif n’a pu être malheureu­sement apportée lors de cette nouvelle intervention. L’hypothèse de trois niches latérales proposée par P. Vergain n’a pas pu être validée en l’absence de témoins archéologiques. L’examen des piédroits de l’abside romane et le décrépissage généralisé sur les murs du transept lors de cette nouvelle cam­pagne n’ont pas permis d’en apporter la preuve. Aucune trace maçonnée de la façade orientale du bâtiment antique ou de reprise n’a été distinguée. La construction romane et le chemisage du mur ouest pour l’installation de l’escalier l’oblitère totalement.

Malgré le décrépissage complet des murs ouest des transepts nord et sud, les observations menées sur le bâti n’ont pas permis de certifier l’emplace­ment des anciens passages entre l’église haute et la crypte.

Natacha SAUVAÎTRE