HADÈS Archéologie

Abbaye Saint-Michel

Fiche

Résumé

L’intervention archéologique menée à Gaillac dans l’ancien cloître de l’abbaye Saint Michel s’est déroulée d’octobre à décembre 1995, dans le cadre de l’aménagement des lieux pour accueillir la future Maison des Vins de Gaillac. Le site semble occupé par une riche villa probablement dès le Ier s. ap. JC. La zone fouillée se trouve en bordure sud de cet établissement, et seul un mur de façade, en limite nord de fouille, indique l’existence de bâtiments de cette époque situés plus au nord et à l’ouest de l’emprise du chantier. L’établissement fait l’objet d’une extension vers l’ouest, puis vers le sud, au début du IIe s. Une zone artisanale y est alors installée dans la première moitié du IIe s. Toutes les structures liées à cette activité ou à ces activités (bassins, canalisations, foyers ou fours), nous sont parvenues dans un état d’arasement important qui rend leur identification difficile.

Les bâtiments sont occupés jusqu’à la fin de l’Antiquité (IVe Ve s.). On ne cesse durant toute la période d’occupation d’entretenir les constructions (recharges de sol, mosaïque) et de les améliorer avec des aménagements ponctuels (trous de poteaux, murets).

Au haut Moyen Âge, après l’arasement des constructions antiques et leur remblaiement partiel, le site devient un « terrain vague », une aire libre de tout aménagement. Nous sommes probablement, alors, sur le territoire de la villa de Gaillac citée dans le testament de Saint Didier de Cahors en 654. L’abbaye Saint Michel s’installe sur les lieux vers la fin du Xe s. Les premières constructions monastiques semblent s’implanter plus à l’est de la zone de fouille. Celle-ci est alors utilisée, entre le début du XIe s. et le début du XIIIe s., comme aire artisanale. Six fours ont été mis au jour, répartis sur la totalité du site. Ici aussi l’arasement important des structures et le manque d’indices dans le mobilier recueilli, ne permettent pas d’identifier la nature de l’activité pratiquée, à l’exception d’un moule à cloche. Dans le courant du XIIIe s. (consécration de l’église gothique en 1271), l’abbaye fait l’objet d’une reconstruction apparemment complète. L’édification d’une église plus grande a entraîné le déplacement et la reconstruction du cloître plus à l’ouest. Les galeries ouest et nord de ce nouveau cloître ont été dégagées par les fouilles. Les murs qui les délimitent sont des constructions en briques réutilisant des pierres de tailles en tuf provenant peut être de l’édifice antérieur.

du XIVe s. au XVIe s., le cloître connaît quelques remaniements : le dallage en terre cuite de la galerie est refait, de nouvelles canalisations sont aménagées dans le jardin. Les bâtiments conventuels sont alors agrandis vers le Tarn, grâce à la construction d’un mur terrasse plus à l’ouest. Une vaste salle en sous-sol (salle aux d’arcades) est alors aménagée dans le nouvel espace créé entre ce mur et la façade de la galerie ouest. Les guerres de Religion occasionnent de sévères destructions. L’église est incendiée en 1562. Les protestants, maîtres de la ville à partir de 1568, ruinent l’abbatiale et le couvent. Les abbés des XVIIe et XVIIIe siècles s’emploient à relever les bâtiments monastiques et l’église. L’aire du cloître est alors réaménagée : l’espace devient une vaste cour intérieure.

Sylvie CAMPECH, Catherine BOCCACINO