HADÈS Archéologie

7 rue Saint-Nicolas

Fiche

Résumé

Cette étude archéologique s’insère dans une procédure mise en place par la ville de Poitiers pour soutenir et conseiller les restaurations des façades en pan-de-bois. Les propriétaires et entreprises de travaux contribuant à la valorisation de ce patrimoine sont ainsi amenés à accepter une rapide ana­lyse structurelle et stratigraphique de l’élévation concernée. La maison en question est située dans le centre-ville historique de Poitiers, sur le plateau. Le 7 rue Saint-Nicolas correspond à l’actuelle parcelle cadastrale n° 72 de la feuille 000 BM 01. L’accès à l’intérieur du bâtiment, divisé en appartements, n’a pas été possible. L’accès à l’échafaudage autorisé par l’entreprise Art de Bâtir a permis d’observer toute la hauteur de la façade.

Dans l’état actuel de nos connaissances, l’évolution de la façade est synthé­tisée en cinq phases (fig. 1).

Un premier bâtiment est construit sur trois niveaux : un rez-de-chaussée et deux étages carrés (phase I). La façade sur rue des deux étages supérieurs est édifiée en pan-de-bois avec une structure en croix de Saint-André sur deux registres. Le premier étage est en encorbellement de 14 cm sur le rez-de-chaussée. Il est possible qu’un quatrième niveau ait existé mais cette hypothèse n’a pu être confirmée. Les différents éléments structurels de ce pan-de-bois suggèrent une datation de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle. Un troisième étage est ensuite construit (phase II), il s’agit probablement d’un niveau de comble à surcroit. Il est bâti en pan-de-bois avec une structure à grille avec décharges. Il est ancré dans le mur pignon mitoyen occidental qui se trouve en retrait par rapport à la façade. Cette disposition entraine des désordres dus au désaxement de la façade. Pour y remédier un second pan-de-bois composé de poteaux de faible section est appuyé sur la première façade (phase III). Le bâtiment est également rehaussé d’un nouveau niveau de comble à surcroit ouvert par deux oculi (fig. 2). L’ensemble de la façade est recouvert par un lattis et un enduit. Plusieurs injections de ciment sont réalisées dans la façade, sûrement pour la confor­ter face aux infiltrations d’eau et aux champignons ayant fait pourrir les bois (phase IV). Un deuxième lattis couvert par un grillage et un enduit ciment sont finalement apposés sur la façade.

Le suivi des restaurations d’autres façades en pan-de-bois de Poitiers com­plétera les savoirs sur cette technique de construction mais également don­nera des jalons chronologiques afin de contribuer à la connaissance du visage médiéval et moderne de la ville.

Camille MARGUERITE