HADÈS Archéologie

Le « castrum »

Fiche

Résumé

Dans le cadre d’un projet d’extension de l’hôpital local, une fouille archéologique préventive s’est déroulée à Belvès durant les trois premières semaines du mois de décembre 2005. L’opération a porté sur une emprise d’environ 370 m² située sur la bordure orientale de l’éperon de la ville médiévale. Cette zone escarpée, où l’implantation de l’habitat est encore régie selon un système de terrasses successives, devait abriter des éléments architecturaux de fortifications, correspondant à la seconde enceinte du bourg médiéval.

Si aucun vestige de rempart n’a été identifié, la fouille a cependant révélé la présence d’habitations semi-troglodytiques creusées dans le substrat calcaire, dont l’occupation s’échelonne du XIIIe au XVIe siècle (fig. 1). L’organisation de cet ensemble cohérent de réalisations trouve son point de départ avec l’ouverture d’un front de taille dans le rocher dont l’orientation est perpendiculaire au sens de la pente naturelle. Ce front prend la forme d’une paroi verticale qui traverse l’intégralité de l’emprise fouillée dans le sens sud-ouest / nord-est, ménageant deux terrasses étagées qui communiquent entre elles grâce à un escalier creusé dans l’épaisseur de la dite paroi.

La terrasse supérieure abrite une unité d’occupation, identifiée à travers la présence résiduelle de quelques murs et d’aménagements creusés dans le rocher. Ce premier espace est ensuite jouxté par la construction d’un bâtiment en marge sud-ouest de la zone, dont l’accès s’effectuait depuis le nord est par une porte munie d’une feuillure et d’un trou barrié, retrouvée en place sous d’épais remblais de nivellement, et datable des XIIIe et XIVe siècles. À l’époque moderne, l’organisation de ces premières constructions est entièrement remaniée. La terrasse inférieure est quant à elle occupée par trois pièces semi excavées adossées à la paroi verticale susmentionnée. La disposition des deux premières pièces l’une par rapport à l’autre peut suggérer un modèle d’habitation bipartite avec pièce domestique et entrepôt (ou cave), modèle largement mis en évidence dans des contextes topographiques escarpés similaires. Malgré un état de conservation général médiocre, la nature de l’occupation ayant affecté ces pièces a parfois pu être envisagée à travers l’existence de quelques aménagements banquettes taillées dans le rocher, possible structure de combustion ou la découverte de témoins d’occupation in situ, en particulier une marmite intacte datable de la fin du XIIIe siècle, déposée dans un trou spécialement creusé dans l’angle d’une pièce (fig. 2).

Quant à la question du second rempart sur ce flanc du bourg, elle pourrait semble-t-il être envisagée à travers la topographie de la zone, puisque cette terrasse basse et l’habitat qu’elle abrite sont limités à l’est par une déclivité importante qui constitue, de fait, une défense naturelle.

Au final, les résultats de cette fouille sont un apport estimable pour mieux cerner la genèse du castrum médiéval de Belvès, qui voit une extension planifiée de l’habitat villageois au-delà de la première enceinte dans le courant du XIIIe siècle, possiblement consécutive à la mainmise des archevêques de Bordeaux sur le village.

Yann HENRY