HADÈS Archéologie

Le château

Fiche

  • Responsable : Mylène NAVETAT, Laurence MURAT
  • Période de fouille : 2010
  • Localité : Domeyrat (Haute-Loire)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : CENTRE

Résumé

Le château de Domeyrat, dominant les terres du Brivadois, est caractéristique d’une série d’édifices dits en « paquet de chandelles ». Marqueur imposant dans le paysage local, il a suscité l’intérêt et fait l’objet de divers travaux d’études et interventions de terrain dès le XIXe siècle.

Dans le cadre d’un chantier de restauration, une fouille préventive assortie d’un suivi de travaux a été prescrite par le Service régional de l’Archéologie dans la continuité des travaux précédents. Elle visait en particulier à vérifier l’homogénéité de cet ensemble architectural en identifiant, le cas échéant, l’intégration de vestiges antérieurs au XVe siècle.

Réalisée par la société Hadès, elle s’est déroulée en deux phases : une fouille de deux semaines liée à la dépose de sols au niveau sur cour du corps de logis, réalisée à l’automne 2008, puis une surveillance discontinue de travaux de consolidation en divers secteurs du site, menée jusqu’au début de l’année 2010.

La première mention du castrum remonte au XIIIe siècle, mais les vestiges conservés semblent être le fruit d’une unique campagne de travaux, intervenue entre 1421 et 1437 à l’initiative de l’évêque de Clermont. Jusqu’ici, les différents chercheurs s’étant intéressés à l’édifice avaient des opinions divergentes quant à l’existence d’indices de constructions antérieures. Le type des embases de deux tours du logis a en effet été considéré comme caractéristique du XIIIe siècle. Pourtant, l’homogénéité de l’édifice et l’absence totale de vestiges antérieurs au XVe siècle mis au jour au cours de cette opération tendent à prouver que l’édifice tel qu’il apparaît aujourd’hui est bien le fruit d’une seule et même campagne de construction. Un autre élément supposé antérieur aurait été reconnu au sein de la citerne qui flanque le mur de chemise oriental. Or, des analyses de mortiers ont démontré que l’existence d’un double parement était liée au mode de mise en œuvre de cette portion du mur de terrasse, et non à des phases de travaux distinctes. La campagne d’édification du château doit donc être attribuée au XVe siècle.

Le logis, de plan quadrangulaire, est cantonné de tours rondes aux angles et équipé d’une tour de latrines à l’opposé de son massif d’entrée. Il comprend un niveau de cave et de silos, trois niveaux résidentiels et un chemin de ronde. La distribution entre les différents niveaux se faisait à l’aide d’une tourelle d’escalier hors œuvre en partie établie sur l’emprise de la cour intérieure. Le massif d’entrée, séparé de l’enceinte par un fossé, était relié à la façade principale du logis par un système de pont levis et renfermait un escalier. La chemise, qui n’enserre pas la totalité du logis, mais se referme sur lui à une extrémité, ne comporte pas de tour, à l’exception de la citerne. Ce mur de terrasse rejoint d’autre part le mur d’enceinte flanqué de tours circulaires aux angles.

Une deuxième phase de travaux, attribuable à la première moitié du XVIIe siècle, a été reconnue. Au sein du donjon, elle concerne seulement des aménagements intérieurs, sols en carreaux de terre cuite, comme probablement celui de la galerie d’entrée, et enduits peints. Les sondages ouverts dans la chemise ont cependant mis de nouveau en évidence la présence de bâtiments disparus déjà reconnus en 1992.

À compter du milieu du XVIIe siècle, le château, seulement entretenu, ne semble plus faire l’objet de nouveaux aménagements. Le logis est progressivement démantelé à partir de la fin du XVIIIe siècle, et n’est plus qu’à l’état de ruine un siècle plus tard, les ouvertures ayant été récupérées et des pans de maçonneries entiers s’étant effondrés. Il n’apparaît plus aujourd’hui que comme une coquille vide.

Pour conclure, compte tenu du caractère ponctuel et lacunaire de cette opération, si une nouvelle campagne de restauration devait être envisagée, il serait souhaitable de l’assortir à nouveau d’une surveillance archéologique de travaux, afin de compléter les connaissances acquises et de procéder à différentes vérifications.

 

Mylène NAVETAT, Laurence MURAT