HADÈS Archéologie

Le château

Fiche

Résumé

2008

La S.C.I. «La Forteresse», propriétaire du site castral de Penne d’Albigeois envisage la mise en valeur de la basse cour du château. Il a été convenu avec le Service Régional de l’Archéologie que des sondages préalables seraient pratiqués dans différents secteurs afin d’observer la stratigraphie et de juger de l’état de conservation du bâti supposé enfoui pour guider les travaux de terrassement en préservant les vestiges archéologiques.

Le premier sondage a permis de mettre en partie au jour un bâtiment occupant l’angle sud-ouest de la basse cour ainsi qu’une portion du mur de clôture occidental. Dans les deux autres fenêtres, des niveaux de circulation associés aux murs d’enceinte sud est et nord est ont été identifiés.

Aucune maçonnerie inédite n’a été découverte. Les sols ou niveaux de chantier apparaissent dans chaque sondage à des profondeurs relativement importantes par rapport au niveau de circulation actuel. Il est donc possible d’envisager un terrassement superficiel. Cependant, le caractère ponctuel de ces investigations n’a malheureusement pas permis de proposer de phasage chronologique à l’échelle de la basse cour.

Il serait donc souhaitable que les travaux envisagés soient entrepris sous surveillance archéologique en cas de découvertes fortuites dans les secteurs restés inexplorés et pour compléter les informations recueillies au cours de cette première évaluation.

Laurence MURAT

2009

Le suivi archéologique des travaux de restauration de la portion de courtine sud (MUR 26) qui prolonge vers l’ouest-la façade de la aula, a montré que les deux maçonneries sont contemporaines. À ce titre, la muraille serait donc à situer dans la seconde moitié, voire le troisième quart du XIIIe siècle.

Ce MUR 26 est destiné à fermer l’espace entre la aula et un mur qui préexiste (XIIe siècle ?), par un chemin de ronde dont le crénelage pourvu d’une archère en pied de bèche est fortement détruit. On ne comprend pas la raison de l’évidement de la maçonnerie dans sa moitié inférieure, à l’aide d’un arc : raison technique, économie de moyens en réduisant l’épaisseur du mur ? La solution sera sans doute à trouver sur la face interne du château si un jour cette zone est décaissée.

Le sondage pratiqué dans cet évidement, grâce à une brèche ouverte dans la courtine, semble indiquer la présence d’un niveau d’occupation très bas, à environ 6 m sous le chemin de ronde, marqué par un remblai qui semble mêler un dépotoir culinaire. Donc, selon toute probabilité un espace ouvert ou fermé (salle ?) existe très en contrebas de la cour d’entrée du château, peut être lié à des activités domestiques.

Enfin, l’origine de la brèche dans le mur ne nous paraît pas résulter de la ruine naturelle de la maçonnerie. Vue la hauteur de remblai à l’intérieur du château (estimée à 5 m environ), elle doit être ancienne. S’agit il d’un fait de guerre (par une machine ou l’artillerie) ou bien cette ouverture a t elle été percée lors du dépeçage du château pour faciliter l’évacuation des matériaux ? Les travaux de restauration ont aujourd’hui refermé cette brèche.

Bernard POUSTHOMIS

2010 – Relevés et étude architecturale

Les murs du centre du château de Penne, sur la face méridionale, ont fait l’objet d’un suivi archéologique des travaux de restauration, limité à une analyse des élévations (fig. 1). Ces maçonneries ne présentent par une stricte continuité de construction. Des reprises sont visibles et le mur oriental a été maintes fois modifié et tout son angle sud rebâti. Dans les maçonneries étudiées la plus ancienne est le haut mur qui formait la façade de la aula médiévale et l’amorce du mur suivant. La suite de ce dernier et le mur sud ont pu être bâtis en même temps vu le type d’archères identiques sur les deux. Ils englobent une portion de maçonnerie qui, de toute évidence, appartient à un ouvrage plus ancien (XIIe siècle ?).

La seule salle réellement identifiée est la aula, du troisième quart du XIIIe siècle, dont il ne subsiste que deux murs, au sud et à l’ouest (fig. 2). Le premier était doté d’une cheminée monumentale encadrée de deux baies géminées à coussièges. Une autre baie existait dans la paroi occidentale. A l’extérieur, le sommet du mur porte les traces d’un très probable hourd qui ne couvrait que la moitié ouest de la façade.

Des salles ou des espaces plus réduits ont existé sous le niveau de circulation actuel du château là où les bâtisseurs ont fondé bas les murs sur le rocher. Celle sous la aula du XIIIe siècle est identifiée par trois jours en fente. Dans le mur suivant, au sud-ouest, deux archères à base en étrier situées au même niveau étaient peut-être desservies par un couloir (une gaine ?). Un dernier espace inférieur semble pouvoir être identifié derrière le mur oriental par la présence des vestiges d’une fenêtre.

En arrière du mur sud, le rocher devait former ou avoisiner le sol de la terrasse actuelle car ce n’est qu’à ce niveau que se trouvent les vestiges d’une archère à base en étrier.

Quant au long mur ouest qui ferme la basse-cour, il est visiblement issu d’un renforcement des fortifications à l’époque moderne, peut-être durant les Guerres de religion. Il était pourvu d’un crénelage d’après une description du château de la fin du XIXe siècle.

Bernard POUSTHOMIS

2010 à 2012 – Suivi des travaux de restauration

Entre 2010 et 2012, le suivi des travaux de restauration du château a porté sur quatre zones distinctes : la salle supérieure de la tour à éperon du châtelet, les deux logis dits « romans », le dégagement de la partie centrale du site et des sondages de reconnaissance à l’extrémité orientale du château (fig. 3).

La salle octogonale située au sommet de la tour à éperon de la porterie est à vocation résidentielle. En effet, outre ses deux niches à archères, elle comporte une baie à coussièges, une probable cheminée et des latrines. Elle était voûtée d’ogives retombant sur des colonnettes engagées dont les bases sont presque toutes conservées (fig. 4). Une porte permettait d’accéder au bâtiment oriental, dit « logis roman », par une passerelle ou un plancher de bois. Aucun vestige du sol n’est conservé. Son édification est attribuée aux environs de 1270.

La construction des deux bâtiments situés à gauche dans la cour d’entrée (Logis 1 et 2) est attribuable à l’époque « romane » et, en tout état de cause antérieure au chantier de re-fortification de Penne dans la seconde moitié du XIIIe siècle (fig. 5). Dans leur état premier, ces deux édifices ont pu constituer un complexe « tour et salle ». La tour est rabaissée au XIVe siècle en même temps que, à l’étage, est modifié le mur-pignon ouest et rebâti en moellons le mur de refend oriental pour y intégrer des cheminées. Ce dernier semble avoir remplacé une paroi à pan de bois. Le probable jour primitif dans le mur nord fait place à une baie plus large – peut-être une croisée identique à celle du Logis 2 – et des portes mettent en communication la salle avec le logis voisin et le châtelet. Désormais, l’édifice ne comporte plus qu’un rez-de-chaussée et un étage. Le niveau de la toiture a été identifié par les vestiges d’un appui de la charpente dans l’épaisseur du mur dont le principe est connu sur d’autres édifices des XIIIe et XIVe siècles.

Plus tard, le plancher de l’étage est abaissé d’environ 80 cm sans que nous en connaissions la raison ni la datation.

Dans le logis adjacent (Logis 2, ancienne « salle » romane), le suivi archéologique du dégagement des déblais de démolition et la fouille partielle du rez-de-chaussée ont révélé un sol en terre battue aménagé sur le rocher aplani ou débité pour l’extraction des matériaux de construction. La portée du plancher haut du rez-de-chaussée semble avoir été recoupée par une file de piliers. Mais les indices sont insuffisants pour préciser s’il s’agit d’une disposition d’origine ou d’un confortement plus tardif.

Lors du suivi des travaux de déblaiement du cheminement, qui de la cour d’entrée mène à l’extrémité orientale du site, la maçonnerie correspondant à l’arrière de la aula est apparue très différente des autres édifices datés du XIIIe siècle. Cette aula a-t-elle vraiment été totalement bâtie comme s’interroge C. Corvisier ? Sur le reste, la série de bâtiments qui borde la ruelle marque une nette adaptation à la topographie, avec des édifices de petite dimension dont la fonction semble liée à des activités artisanales ou communes.

Le sondage ouvert à la pointe est du château a révélé une maçonnerie de belle qualité qui pourrait appartenir à un édifice antérieur à la seconde moitié du XIIIe siècle, peut-être voûté (fig. 6). S’agirait-il du mur gouttereau de la chapelle castrale « romane » traditionnellement localisée dans ce secteur ?

Enfin, le sondage pratiqué dans la tour dite « donjon » a contredit l’idée jusque là acquise d’une tour ouverte à la gorge.

D’une manière générale, le mobilier lapidaire mis au jour a apporté quelques précisions sur les élévations disparues. Plus fréquentes sont les informations relatives aux matériaux de couverture des bâtiments dans leur dernier état d’occupation où les lauses en dalles de calcaire dominent aux côtés de fragments de tuiles canal.

Bernard POUSTHOMIS